Le space planning, pour améliorer la qualité de vie du salarié

Depuis quelques décennies, nous assistons à un développement exponentiel des nouvelles technologies.

Alors que les connexions virtuelles fleurissent aux quatre coins du globe, « l’espace physique » comme espace de rassemblement, se voit, de plus en plus, éclipsé par ces nouvelles méthodes d’interactions relationnelles.

Le bureau n’échappe pas à la règle : le travail depuis chez soi, encouragé par la politique du télétravail, est un phénomène questionnant le rôle du bureau physique traditionnel et influençant les relations socio-professionnelles.

A l’échelle mondiale, de nombreux chefs d’entreprise favorisent cette démarche qu’ils considèrent comme un moyen fructueux de réunir autonomie des salariés et productivité.

De nombreuses questions se posent alors, tant eu égard à la liberté du salarié et à sa position au sein de l’entreprise, qu’au regard du rôle de l’espace bureau en pleine mutation. Le bureau moderne, qui se décline au travers de multiples possibilités (bureau flex-office, espaces co-working) est-il en mesure de proposer une méthode d’organisation en adéquation avec les besoins exigés par la modernité et le bien-être individuel ?

Le travail chez soi…et la perte du lien social au sein de l’entreprise

Il est évident que le travail chez soi a permis au salarié de se réconcilier avec une plus grande souplesse et flexibilité dans son mode d’organisation au quotidien.

Toutefois, on commence à déplorer des conséquences néfastes pour le travailleur et ses relations de travail. Sentiment d’isolement, perte de lien avec la hiérarchie, absence de cohésion et effritement du sentiment d’appartenance vis-à-vis de l’entreprise sont devenus désormais les effets pervers de cette nouvelle organisation du monde du travail.

L’idée selon laquelle la concentration mentale serait meilleure est aussi une donnée à relativiser : selon une enquête récente, le travailleur isolé fait moins de pause au cours de la journée mais cette quasi absence de moments de relaxation engendre aussi, bien souvent, une perte de motivation, le travail devenant plus « laborieux » et, in fine, contraignant.

Parallèlement, l’absence d’échanges directs au cours de la journée impacterait sur la qualité du travail lui-même, celui-ci étant désormais nourri par un seul esprit, en contradiction avec les valeurs du monde de l’entreprise telles que l’entraide et la collaboration.

Le flex office…comme réponse aux nouveaux besoins économiques

Si, en effet, le bureau traditionnel (bureau individuel fermé) ne peut plus exister, le bureau comme espace physique de dialogue doit continuer à survivre, et ce tant pour le bien être du salarié que pour la survie des entreprises.

Le bureau « flex office », née dans les années 90, aux Etats-Unis, pour pallier aux manquements du bureau classique, se présente comme une réponse intelligente à cette question du lien social, tout en satisfaisant les besoins créés par la nouvelle technologie ainsi que l’évolution du monde du travail.

Mélange de bureaux fermés et de zones « open space » interconnectés, le bureau flex office a pour vocation de rassembler tout en individualisant les rapports : en favorisant des espaces en libre-service, accessibles à tous, le travailleur est libre de choisir son poste de travail en fonction de la nature de ses impératifs. Ainsi l’usager lambda peut opter pour un bureau ouvert, favorisant l’échange, tout en optant pour un bureau fermé, assurant la concentration et la confidentialité nécessaires à l’accomplissement d’une tâche différente.

De cette manière, en proposant l’alternance et la mobilité pour chacun des usagers, le bureau remplit la fonction essentielle d’une entreprise moderne : la flexibilité.

Espace co-working…un espace alternatif

Issu de cette réflexion sur le lien social et l’accès aux nouvelles technologies, au sein du monde professionnel, les espaces co-working ont été conçus dans un esprit de rassemblement des travailleurs (indépendants et salariés) dans des lieux interconnectés. Ces espaces se situent dans des zones géographiques détachées du lieu de travail. L’atout de ces espaces est qu’il permet de lier haute technologie et accès en bien-être, tout en favorisant des liens interdisciplinaires au-delà du corporatisme classique.

Le bureau : un lieu de détente…pour tous !

La mise à disposition de zones de bien être telles que des salles de sport ou des espaces de détente, au sein de certaines entreprises, peut également être considérée comme une prise de conscience supplémentaire de la part des dirigeants : en intégrant des activités traditionnellement extérieures au monde du travail, le bureau acquiert un pouvoir attractif beaucoup plus fort qui, d’une part, réconcilie le travailleur avec la notion de plaisir mais, aussi, participe à son émulation.

Le bureau peut ainsi devenir un instrument d’épanouissement personnel faisant écho à différentes sensibilités.

Un éloge de l’architecture contemporaine

La question du télé travail a également soulevé de nombreuses problématiques dans le monde de l’architecture contemporaine. Pendant des millénaires, l’espace physique s’est imposé comme l’unique garant des rapports marchands.

Dans ce contexte de délabrement du lien social, l’espace en tant qu’objet fonctionnel et esthétique se trouve en voie de fragilisation.

Par chance, ce constat sociologique a éveillé une conscience majeure chez les architectes d’intérieurs qui ont rendu possible le retour à une valorisation de l’espace architectural par la création de bureaux modernes et design, conciliant confort et harmonie.

Le foisonnement des jardins d’entreprise, en même temps que l’avènement du mur végétal intérieur, est un indicateur susceptible d’assurer un bel avenir au bureau, dans la mesure où il représente un moyen efficace d’accéder au bien-être tout en étant une vitrine de la modernité architecturale et environnementale.

Par ailleurs, le développement des nouvelles technologies, au sein des salles de réunion, permet de faciliter les échanges en interne et en externe, de créer de la dynamique de groupe et de développer la créativité.

Ainsi, les modes d’agencement fluctuent, le mobilier gagne en confort et élégance, et la technologie s’exprime par touche « esthétique ». L’éphémère généré par la flexibilité de l’économie est même un atout supplémentaire pour proposer une architecture modulaire et interchangeable, en phase avec l’évolution du monde du travail.

L’attitude des chefs d’entreprises, associée aux efforts croissants des architectes en matière de créativité, laisse l’espoir que le « bureau » demeurera la pierre angulaire du monde de l’entreprise, pendant encore de nombreuses décennies.

Florence A.